Bonjour Lucianna
Je suis bipolaire, déclarée officiellement depuis mars 2018.
On m'a mise sous lithium, j'ai arrêté en juin, depuis je ne prends plus rien.
Cette introduction pour vous dire que je vous comprends, vivre avec une personne bipolaire est très difficile surtout si elle refuse toute aide, qu'elle va considérer comme une "attaque" du monde médical, une perte de soi, de son identité.
Malheureusement je comprends aussi votre compagnon, l'impression qu'il peut avoir d'être pris en "otage" par les traitements, la persécution qu'il dit ressentir, car, peut-être qu'il a l'impression de ne pas être compris.
Les troubles bipolaires sont extrêmement déroutants pour l'entourage et vous devez parfois vous sentir bien seule et démunie.
Cela fait 6 mois que je vis tous ces troubles sans filtre. J'ai eu des périodes de paranoïa, d'euphorie totale et des colères horribles, injustes envers mes amis, et famille. Je ne souhaite plus vraiment côtoyer le monde médical psychiatre, HP, qui me renvoient une image de ce que je pourrais devenir, perte autonomie, réflexions intellectuelles, et de qui je suis aussi, car j'ai peur. Malgré tout j'ai mon cerveau en veille, à l'écoute de mon corps, de mes émotions et je ne veux pas devenir un tyran pour mon entourage personnel comme professionnel.
Aujourd'hui j'ai pris la décision de reprendre un traitement pour ne plus être ingérable pour ceux qui m'entourent car j'en souffre davantage, en sus des troubles.
Ce que je peux vous dire c'est que cette décision viendra de votre compagnon, s'il ne vous écoute pas et si il refuse les soins, cela sera pire pour lui car il sera encore plus isolé et vous aussi.
A t il un travail? Des amis? Serait-il possible qu'il se documente sur ses troubles par des livres, films?
A t il une passion?
Savez-vous si parfois il se rend compte de votre "appel à l'aide"?
Il reste bien sûr l'hospitalisation de force qui comme son nom l'indique est horrible à vivre pour la personne bipolaire et l'entourage.
Si je peux me permettre, même l'Amour le plus fort soit-il ne change rien. Je l'ai essayé, j'ai aussi eu une relation avec un bipolaire durant 6 ans, je n'étais pas encore diagnostiquée, j'étais sous traitement pour d'autres troubles, bref je cumulais. j'ai tout accepté vécu et subi. J'ai fini par le quitter en janvier 2017, épuisée, anéantie. Lorsque l'on m'a dite bipolaire en mars 2018 je pensais devenir cet Homme d'où aussi mes peurs... J'ai une personne dans ma vie depuis et c'est lui qui refuse que je me fasse aider, ni traitement, ni psychiatre et encore moins de psychologue. Je vais devoir donc lui cacher cette reprise de traitement, mes nouveaux RdV psychologue et mes pleurs incessants.
Mais cela est ma décision car j'ai conscience de ce que je vis et fais vivre à mon entourage. nous ne vivons pas encore ensemble avec mon compagnon, pour lui je suis "normale".
Mais je connais mes différences et leurs faces obscures.
Voilà ce que je peux vous confier. Si votre mari "s'obstine", et ne se rend pas compte de ce qui se passe autour de lui, ce sera épuisant pour vous, et sans fin pour lui car il sera en boucle.
Prenez aussi soin de vous, vous ne pouvez vous consacrer à lui sur le long terme de façon exclusive.
Offrez-vous des pauses, des moments bien à vous.
En espérant ne pas avoir été trop "à côté de la plaque" quant à votre demande d'aide.
Cordialement
Coraline