Bonjour
Après 2 années d'interrogations, un diagnostic vient d'être posé, celui de troubles bipolaires de type 2, grâce à une PEC de plusieurs professionnels et du centre de ressources sur la bipolarité de ma ville. L'objet "compagnon bipolaire" m'a interpellé. Je vis avec la même personne depuis plus de 15 ans, et c'est devenu extrêmement problématique à la naissance de notre 2nd enfant, il y a 10 ans, alors que tout allait bien dans notre vie, j'avais comme dirait l'autre, "tout pour être heureuse". Et je n'ai compris que depuis 2 ans que ce que je vivais 1/n'était pas normal et 2/qu'aucun motif objectif ne pouvait l'expliquer. Nous avions, et nous avons encore, mais en moins violent, de grosses crises. Et des moments d'incompréhension terribles lorsque je suis au fond. Pour autant, à l'inverse, lorsque je suis "en haut", nous vivons des moments d'amour, de fusion, d'une extrême exaltation. Je commence à m'apercevoir, mais jamais pendant, du "degré" hors norme de ces hauts et de ces bas. Et je me traine une culpabilité immense, lorsque ça devient plus clair dans ma tête, vis-à-vis de mon compagnon et de mes enfants. Car dans ces moments-là je sais que je pourris tout, mais encore une fois c'est en contre-coup, jamais sur l'instant. Et je passe mon temps à demander pardon, ce qui doit être bien agaçant, car je me sens vraiment désarmée vis-à-vis de moi-même. Nous avons commencé à en parler et j'ai beaucoup de difficultés à exprimer ce qu'il se passe dans ces moments là. Nous cherchons aussi depuis peu, des astuces pour que ça monte ou que ça descende pas trop. Et ces derniers jours, nous avons expérimenté un truc dont je vous fais part: que je sois dans une bonne ou mauvaise phase, y'a pas de pourquoi de son côté. Car y'a pas franchement de réponses possibles du mien, et chercher à répondre me met vraiment en souffrance. Et pareil, quand la crise est passée, y'a pas de pourquoi, parce que y'a toujours pas de parce que. C'est pas la politique de l'autruche, c'est une forme d'acceptation de quelque chose dont (et j'essaie de me le répéter) je ne suis pas responsable. Et dont il n'est pas responsable.
J'espère qu'il restera à mes côtés, et que mes enfants comprendront un jour, et il faut savoir qu'en plus des crises, le mal que l'on fait autour, lorsqu'on en finit par en avoir conscience, est d'une souffrance terrible. Je me dis parfois que je suis une "femme à problèmes" comme j'ai pu le lire ici même, mais que j'essaie de me convaincre que ce n'est pas ça qui doit me définir. La question est désormais de trouver qui je suis sans ces hauts et ces bas vertigineux. Et je le cherche dans ce que j'ai construit et ce que je vis avec les miens. Bon courage à vous tous, compagnons de bipolaires, vous êtes des repères dans les ténèbres tout autant que des cibles faciles. Mais votre patience et votre bienveillance finiront par être entendues. vv
Z.