Bonjour,
Je souhaite sur cette page, apporter mon témoignage de conjoint d’une épouse en proie aux troubles bipolaires. Rapidement, une présentation de la situation.
J Bonjour,
[/color]Je souhaite sur cette page, apporter mon témoignage de conjoint d’une épouse en proie aux troubles bipolaires. Rapidement, une présentation de la situation.[/size][/color][/size][/color]J’ai 57 ans et ma femme 55. Nous sommes mariés depuis 34 ans et nous avons 4 enfants, adultes maintenant.[/size][/color][/size]
[/color]Les troubles sont apparus nettement dès le début de notre vie commune. Mais dans les années 8o le diagnostic n’a pas été posé. Notre couple s’est remis en cause (j’ai subi quelques critiques sur mon incompétence de mari ( !) ; nous avons participé à des groupes de parole). Plusieurs hospitalisations, des espoirs de guérison ont émaillé notre vie. Un répit s’est installé pendant 12 ans après la naissance de notre 3ème enfant. Nouvelle rechute, grave, avec enfin un diagnostic posé et un traitement il y a maintenant 13 ans. Et nouvel espoir…
[/size]Je passe volontairement sur les manifestations de ces troubles mais je crois que mon épouse a tout tenté pour montrer et mettre un terme à sa souffrance (sauf l’adultère et les dépenses faramineuses). Aujourd’hui, à ma demande ou plutôt sur ma décision, nous sommes séparés ; car cette maladie est insidieuse. Elle a perturbé de façon intime nos relations. Depuis longtemps, je ne sais plus avec quelle personne je vis. J’ai dû adapter mes réactions, décoder les dires, comprendre entre les lignes et les mots car l’hyper émotivité et la perception parfois surprenante de la réalité brouillent encore les pistes. Bref, je ne sais pas à qui je m’adresse et c’est devenu un réflexe d’où des confusions.
Au-delà des phases dépressives, terribles, les périodes maniaques sont éprouvantes d’une autre manière. Elles sont plutôt positives et redonnent l’espoir. Mais le tourbillon devient vite fatigant.Certes, si vous croisez ma femme, vous rencontrerez aujourd’hui une personne bien intégrée socialement, boute-en-train, pleine d’envies et de projets, active. Elle est stabilisée, un peu haut quand même. En ce qui me concerne, ces troubles m’ont épuisé, usé, vidé. Jusqu’à ces derniers temps, ma femme me considérait comme son tuteur(!)
Usure d’avoir dû porter encore et encore des tâches matérielles, ménagères, mais aussi usure d’avoir donné de l’amour, de l’optimisme, de garder le moral, de se contrôler, de rester ensemble à tout prix; de s’oublier, de ne pas revenir sur un incident parce que personne ne se demande comment j’encaisse et que j’ai vécu les choses en pleine conscience. Est-ce possible que ce soit ma femme qui dit m’aimer et qui m’insulte et m’agresse? J’ai eu l’impression que je pouvais tout accepter. J’ai finalement atteint mes limites alors que je croyais que je n’en avais pas.
Quitter ces troubles m’est apparu comme étant la seule solution. Mais en agissant ainsi je laisse la personne qui les porte.J’ai bien conscience de l’affection que j’éprouve pour ma femme au moment où je pars (alors qu’elle demande de l’Amour avec un grand A). Mais je ne peux plus être à ses côtés parce que tout cela a façonné mon être et que les ambigüités restent une manière de fonctionner. Et les différents incidents qui ont été notre quasi quotidien pendant des années résonnent aujourd’hui pour moi comme autant de traumatismes. Enfin je suis inquiet pour l’avenir car n’est-ce pas qu’un nouveau répit ?
Je voudrais aujourd’hui me poser. Je ne sais pas ce que c’est que de vivre avec quelqu’un d’ordinaire, et non pas extra-ordinaire. L’énergie me manque malgré tout car j’ai l’impression d’avoir tout donné.
Cette maladie est un combat. Je l’ai abandonné.