Bonjour à toutes et tous,
Toute nouvelle sur le forum... avec un besoin irrésistible de témoigner.
Il y a 8 ans, j'ignorais complètement ce qu'était la bipolarité. Je venais d'entendre ce mot de la bouche de mon tout nouvel amoureux. Il me décrivait cette maladie comme terrible et me prévenait des conséquences, des risques. Il a été honnête avec moi.
Je suis allée sur plusieurs forums, j'ai lu des articles pour me renseigner. 95 % de ce que j'ai lu me conseillait de fuir cette relation parce qu'elle allait me détruire....Quand j'ai eu fini de lire tous les témoignages, je n'ai pas crû, je me suis dit que j'allais être bien plus forte que ça, et que moi, j'arriverai à le sauver !!!
AUJOURD'HUI JE CONFIRME QU'ELLE M'A DETRUITE !
Retour sur cette histoire...
Très vite, j'ai été attirée par son éloquence, par sa proximité, par sa capacité de comprendre et de sentir les choses, par son écoute attentive, par sa capacité de me rendre exceptionnelle. Complètement séduite. Parallèlement, je sentais bien que son moral était assez bas et que son état était dépressif. Il m'a avoué sa bipolarité et tout ce qui va avec, ses 3 tentatives de suicide, sa vie chaotique, ses échecs sentimentaux (j'ai appris bien plus tard qu'il avait détruit également ses ex...)Mais Je me sentais forte pour 2, je me disais que moi j'aurai la capacité de le rendre heureux, de lui faire oublier toutes ses souffrances. Je l'aimais et j'étais prête à tout pour lui, tant qu'en retour il me rendait si importante à ses yeux.
La vie est vite devenue difficile. Il était très exigeant, autoritaire, maniaque, allant d'un extrême à l'autre. Malgré tout, j'espérais toujours que tout allait changer. J'essayais comme je pouvais de maintenir un équilibre, surtout pour mes propres enfants qui subissaient aussi les aléas de ses humeurs. Quand il allait bien, la vie pouvait être formidable. Je me sentais belle, aimée, il redoublait d'attention et de gentillesses. Mais tout pouvait basculer en quelques instants. Juste sur un fait, sur une parole, mais aussi quelque fois sans raison apparente.
Quand je lui parlais de mes souffrances par rapport à ce qu'on vivait, il pouvait reconnaître ses torts mais il trouvait toujours un fait pour m'en rendre coupable. Il se rapprochait de ses amis, expliquait son côté bourreau et victime à la fois. En beau parleur et sans doute un peu manipulateur, les amis avaient pitié.
Quand je n'arrivais plus à le suivre dans les dédales de la vie et que je me détachais ou m'éloignais pour me protéger, il venait me supplier de l'aimer encore, jusqu'à se mettre à genoux parfois. Son attitude me bouleversait, me touchait et j'arrivais à penser que je l'aimais toujours profondément. La passion reprenait le dessus quelques heures, quelques jours tout au plus. Mais il m'accusait de le "punir" de mon amour. Ces épisodes de va et vient se reproduisaient de plus en plus souvent. J'aimais sa manière de m'aimer, je détestais sa manière d'être.
Plus d'une fois, j'ai voulu le quitter mais j'en étais incapable. J'espérais toujours... Il me touchait toujours. Ce qui est sûr, c'est que la vie n'était jamais monotone, tantôt passionnante, tantôt infernale.
J'ai tenu 7 ans comme ça. Puis, du jour au lendemain, je me suis écroulée. Je n'ai plus eu la force de me lever, de manger, de sortir, de travailler. Mes enfants étaient ma seule raison de vivre. J'avais tout donné, épuisé toutes mes ressources. J'avais pris sur moi pendant 7 ans, je m'étais tue, je m'étais levée 2400 jours en me demandant à chaque fois "que va t-il se passer aujourd'hui?". J'avais joué le rôle de tampon entre lui et mes enfants pour les protéger, entre lui et ma famille ou mes amis pour minimiser ses excès. Je me suis oubliée, j'ai perdu ma personnalité, ma confiance en moi, j'ai perdu ma joie de vivre, j'ai perdu toute envie. Tout ça pour adhérer le plus possible à ce qu'il attendait de moi, tout cela pour tenter d'avoir une vie normale. Mais rien ne lui convenait.
J'ai eu 2 mois d'arrêt de travail. J'ai du fuir ma maison pour qu'il parte définitivement de chez moi. Non sans mal, de sa part comme de la mienne mais c'était la seule chose à faire. Mon cœur et mon corps me disaient de tout arrêter. C'était en mai 2015. Traitement d'anti dépresseurs, psychologue.
2 relations ont succédé. J'ai peur de tout. Je me méfie de tout ce qui peut s'apparenter de près ou de loin à un élément vécu dans mon histoire précédente. Résultat : encore des échecs. Le bonheur est une entité que je n'ose même plus envisager.
Aujourd'hui, 1 an et demi après, ce passé me hante encore malgré le fait que je n'ai plus aucune nouvelle de ce qu'il devient. L'idée seule que sa vie se passe bien alors qu'il a détruit la mienne m'horripile. Je le ressens comme une profonde injustice. Il a pris mon âme quand je lui ai donné mon cœur. Je ne suis plus capable d'aimer, de faire confiance, d'être sereine. Je suis devenue instable. Il m'a tout pris, il a détruit ce que j'étais.
Peut être qu'aujourd'hui il détruit une autre femme, une de plus. Ou peut être qu'il a tellement appris que tout est différent.
Et je dois vivre...
Mmes et Mrs les bipolaires, veuillez m'excuser de ce tableau noir que je dépeins de vous. Vous avez le droit d'être heureux. La vie avec vous est difficile d'un côté comme de l'autre, je veux bien le concevoir.
Existe t-il des personnes assez solides pour vivre au quotidien avec vous? ?Je n'en faisais pas partie mais je le croyais. Une utopie que je regrette au plus haut point et qui me coûte très cher...
Je voulais juste être heureuse...